Journal de Louve
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Journal de Louve #19 Les mots en retrait
Il me reste quelques souvenirs terreux, accrochés sous mes ongles quand j’ai gratté un peu. Ce que je vois à la surface m’apparaît simple et nu. Parfois je ne sais si l’on danse ou si l’on fait l’amour, peut être les deux.Je ne sais pas si je suis enfermée dans quelque chose d’assez grand pour croire que j’ai de la place. J’ai compris qu’il ne faut pas toujours de grosses blessures pour abîmer beaucoup, que prendre soin prend du temps. Je m’applique. Je revêts mes rêves sur moi pour y penser, je veux me donner l’occasion chaque jour d’aimer marcher vers mon accomplissement.Et de croire. Ma solitude est belle quand…
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Journal de Louve #18 Le brouillard sous mes doigts
Décembre a l’humeur de la neige qui se pose et le goût de glace à la violette dans une nouvelle maison. Au bout de combien de temps celle-ci deviendra-t-elle habitude ? J’apprends sur moi à vivre, quand c’est désagréable, et mon corps en ce moment brouille les ondes radio. Je cherche les repères dans les murs impeccables à la peinture vernie que je n’ai pas choisie. Je fouille sur ma peau les fissures, les envies. Rien n’émerge. Le brouillard sous mes doigts a enveloppé mes os et cette maison inconnue qui m’habite plus que l’inverse. J’avance pas trop loin.Comment me découvrir, allant en tâtonnant aussi à découvert ? Je le…
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Journal de Louve #17 Les flammes transgressives
J’ai fait le chemin pour me rétablir, pour me réparer. J’ai voulu convention et expérimenté raison, sobriété. Je me suis appliquée.J’ai compris que celles-ci peuvent être choisies parfois, et que l’on conserve aussi sa singularité. Je n’ai plus peur d’être au milieu d’une foule et d’y danser toute seule. Si mon vide me mord, revient parfois avec élan, tu sais me rappeler que tu me vois. Je peux me choisir et je peux me donner. Les mains sous ton manteau, je t’embras(s)e une dernière fois et tu traverses la terrasse. La nuit ensevelit les histoires qui ne m’appartiennent pas. J’avais fait le chemin pour me construire et m’ordonner. Maintenant la…
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Journal de Louve #16 La rouille dans les bois
Il y a trois ans et une saisonj’ai rencontré une femme dans les bois qui vivait et écrivait. Elle m’a dit quand j’ai quitté la maison, je suis rentrée chez moi.J’ai trouvé l’harmonie quand j’ai su souhaiter que certaines choses arrivent tout en acceptant qu’elles puissent aussi ne pas se présenter. Cette sensation s’est révélée à moi ce matin.Une petite flamme au fond de mon ventre, confiante de brûler.Consciente que quoi qu’il arrivera ou n’arrivera pas, elle pourra danser sous ma peau. Et puis il y a eu toi. Pour défier la flamme. Et en prendre soin. Et puis il y a la rouille. Celle qui parcourt mes os laissés…
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Journal de Louve #15 La trace de novembre
C’est notre café, notre histoire continue. La trace de novembre est encore pleine de la lumière du jour, entendre ton rire redoubler depuis le salon, et parcourir des pages de la pointe d’un crayon. Je rêve toutes les heures où j’écris que ce soit mon monde entier. Ce sont nos nuits et les idées reçues qui semblent s’envoler au rythme de nos pas. C’est la peur de fricoter avec trop de bonheur, et que ça me dépasse. C’est ton corps doux sur lequel je peindrais bien l’amour. J’aspire à poursuivre les heurts, les sanglots, à me prendre dans mes propres bras pour me consoler dans les besoins de panser, d’appliquer…
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Journal artistique de Louve #14 Je ne promets plus
Passé Je ne choisis plus la caresse des promesses qui font voler la peau en des fragments fêlés. Un son de verre brisé s’échappe de ma voix, étranglée, quand je me rappelle qu’on décidait comment serait l’éternité. Quand je revois ton visage engouffré entièrement dans notre histoire future, qui regardait ailleurs plutôt que mes cheveux mouillés au sortir de la douche. Une maison, des enfants … et puis peut-être un chien, quand on aura terminé le jardin. Mon corps coincé sous un corps, un souffle court sous un ciel de lit qui dit « pour toujours » pour accrocher nos cœur. Pour rassurer les cauchemars où tu me tenais fort, nous parlions…
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Journal de Louve #13 J’écoute ton monde
J’écoute ton monde avec une envie douce de tisser avec toi un moment particulier, comme un trésor fugace. Je parcours tes lignes du bout des doigts sur un papier pastel. Comme pour les lire avec la peau. Je respire l’herbe humide sur laquelle je suis assise à l’ombre. Je me suis installée pour pouvoir m’y plonger, les feuilles sur les genoux, si près de la terre. Je cherche doucement l’accès à la porte de quelques bouts de toi. Tu as des dieux, quand je n’en ai que faire. Moi je regarde tes yeux quand je veux trouver l’ancre. Je me demande comment on se sent dans son corps quand on…
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Journal de Louve #12 La maison sur le fleuve
Je suis ma propre maison. Une maison sur l’eau. Je dévale. Le soleil en face m’inonde. Un chanteur à la radio entame les notes d’une chanson d’il y a quelques années. Une chanson qui a créé un souvenir très doux. Une chanson d’amour. Une main qui me tient et des notes qui palpitent. Je pense que nos corps et nos esprits sont faits pour jouer la même musique. Aujourd’hui est doux comme le souvenir. Les secousses ne durent pas longtemps. C’est un éclat de rire en même tant qu’une larme quand il dit « je t’aimais, je t’aime et je t’aimerais ». Quelque chose qui déborde et le trouble devient comme un…
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Journal de Louve #11 Une gardienne pour moi-même
Lors de ma participation à la performance artistique « De femme à FEMMES » mise en scène par Léa Dant, au printemps dernier, j’ai conçu et déclamé un texte pour exprimer la manière dont j’avais envie de parler de moi en tant que femme. Le voici. Je veux compter pour moi. Prendre soin de moi sans attendre que quelqu’un le fasse à ma place. Et en apprenant ainsi à compter sur moi, je rencontre d’autres personnes sur lesquelles je peux compter aussi. Elles complètent tout ce que j’ai à vivre, de beau. Parfois j’ai encore peur. Je grandis. Je redécouvre ces choses qui m’avaient effrayée quand j’avais appris à me soumettre et…
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Journal artistique de Louve #10 L’adieu puis l’envol
J’ai l’impression d’avoir marché, tâtonné sur la moquette. Puis j’ai couru. Je me suis envolée. J’ai un peu de toi en moi, je le remarque souvent. Ca me fait rire et pleurer. Sans être triste. J’aime ce mélange. Tu m’habites encore, je me suis construite un peu plus de notre tendresse. J’ai tant de place en moi pour de nouveaux élans. Je pense à toi qui désormais sera toujours une image floue. Où seras-tu ? Que feras-tu ? Qui seras-tu devenu ?Je ne pourrai que m’imaginer, et penser l’affection qui nous a accompagnés jusqu’au bout du chemin. Tu as dis adieu. Merci. Tu as repris ton être et j’ai repris…