-
Journal de Louve #33 L’éphémère à la peau
Ma peau tapissée de pétales se plisse, je passe dans le jardin, mon cœur papier se froisse. Demain … Je ne sais qui je serai, à quoi sert la prudence, et pourtant je retiens. L’éphémère m’agrippe, dans mon dos, je le sens peser. Je regarde le manège des corolles envolées, j’ai un pied à côté. J’ai plus de confidences nichées au creux de toi, que de confiance en mes pulsions furieuses, je bous de l’intérieur … A chaque envie qui naît, je m’élance à ta bouche, pour rager quelque chose, pour ne pas avoir rien. J’ai faim. Pourtant Je mange comme un moineau en observant le ciel, si derrière le…
-
Journal de Louve #32 J’ai peur que la nuit mente
Je ne sais plus écrire des chansons,Ma voix enroulée dans les drapsDicte mes vœux à la bougie. La lumière flotte. Chats sur le lit et dans la gorge,J’ai ma prudence qui se forge,Quand je la sens me recouvrir … Je ne fais plus confiance à la nuit,Vous, croyez-vous que les rôdeursVont vous apporter le meilleurAmi ? Un halo clair se dessine,J’ai peur que la nuit m’assassine,Mais dites-moi, vous que mes rêves,Ne sont pas un espoir qui crève. A la fenêtre de ma cuisine,Je crois qu’elle vient, qu’elle me devine.J’ai récité, avant qu’elle meurtLa volonté de mon bonheur. Comme j’ai peur que la nuit m’emporte,Je la raccompagne à la porteJ’ai fait…
-
Journal de Louve #31 Fragile et ténèbres
Fragile, j’ai ta peau qui me brûle. Je me trouve, sous tes doigts, vulnérable et poussière, quand le plaisir est encore enfermé derrière le verrou, que va-t-il advenir si j’ouvre grand la porte, quand je me rappelle avoir regardé ta bouche avec désir, derrière ton sourire, pour la première fois. Tu m’avais demandé si tu me touchais, je n’attendais que ça. On voulait s’amuser. On se baladait en tours de parc, le monde prenait la couleur de nos dires, la forme de nous souhaits. Tu arrivais en retard ou tu n’arrivais pas, j’acceptais tes excuses et je savais toujours que l’on se trouverait, c’est fait. Reste mon ami. Fragile, j’ai…
-
Journal de Louve #30 La surdité des êtres
Une ampoule jaunit dans la chambre au parquet. J’écris, j’ai étalé des cartes, ça tourne en rond. Je dis c’est grâce à ceux qui aiment ce que je fais et qui savent me le dire que je reste où je suis. Ce que je veux dire c’est j’aime ce que je fais et considère comme une chance ce que je veux offrir. Mais c’est une once de monde, pas même une cerise sur un arbre alourdi. Il est sourd et ignore. Il dit ça marche bonne nuit. Il y en a d’autres qui aiment faire bien les choses, faire bien leur vie, prendre soin sur la route. Je veux les…
-
Journal de Louve #29 J’avale et j’engloutis
J’aspire. A grandir à m’élever à souffrir pour connaître. Je trouve difficile de découvrir la vie comme je l’ignorais. Pauvre petit chat. Je l’avais pourtant sous les doigts, cette vie, sous les pieds, sous les yeux, peut-être trop en dessous de moi, de ma famille. Mes parents me l’ont dit. On n’écoute pas ce qu’on nous dit quand on est une enfant. On écoute plutôt qu’est ce qu’on a fait pour avoir une telle fille, la pression des bonnes notes. On ravale sa peine dans sa chambre pour qu’ils n’insistent pas. Et on colle des images sur les pages de cahiers grands carreaux, on découpe soigneusement les bords imprimés de…
-
Journal de Louve #28 Renard Rivage
Il étend sa serviette, tout près de la baignoire.S’allonge sur le doux bleu. S’étire. Sa bouche me dit des sourires et ses doigts se baladent où ils en ont envie. Je m’allonge, paisible au ventre, lisse son pelage de ma main. L’air est humide, sa peau est tiède. Ma tête est sous sa tête, je sais qu’il me regardequand il raconteça fait des ondes.Ses récits vont et viennent, ou ne reviennent même pas. C’est un Renard Rivage. Un être où je viens déferler avec une délicate tendresse. Il ne m’appartient pas. Il nous appartient le désir qui nous lie. Je parle quand je veux rendre compte de la couleur qu’a…
-
Journal de Louve #27 Ecrasée sous ma chaussure
J’ai choisi un nom qui fait naître de moi à la fois le sauvage et la création. J’ai gagné un séjour dans un pays vampire ou je m’endette pour travailler encore. Je suis en dette de sommeil. Je suis en dette d’équilibre. Je suis en dette financière. Je suis en dette d’espoir. Je suis passionnée et me suis jetée dedans. J’ai découvert les rivières de sang et suis sortie de moi-même, pour regarder les foules, les poings levés. J’ai engendré des hurlements et des feux de forêt pour trouver, de la cendre, ce qui pourra pousser. Parfois j’entends des piaillements d’oiseaux et des balbutiements dans les fourrés. L’enthousiasme jaillit de…
-
Journal de Louve #26 Je peux m’offrir des fleurs séchées
Mes doigts connaissent par cœur le chemin de « Journal de Louve », au toucher ça tapote et rebondit. Un chemin sinueux. Je peux m’offrir des fleurs, moi je préfère les fleurs séchées. Je peux glaner dans un kiosque le dernier exemplaire de Philosophie magazine, l’avaler dans l’ordre comme on boit beaucoup d’eau au goulot. Je surligne, et mes pensées suivent la partition, elles mettent le ton. Cette nuit j’ai rêvé que j’invitais une ancienne petite amie à venir boire le thé chez moi – dans une chambre de bonne. Elle fredonne. Et en même temps que sa voix très feutrée, résonnent de mélodieuses sonorités de métal. Je lui demande comment elle…
-
Journal de Louve #25 Protège moi ou Repousser les crocs
Il est très tôt. J’ouvre la fenêtre. On ne voit pas la différence. Si j’ai fait des cauchemars, je n’ai plus qu’à prendre le thé avec le marchand de sable. Ou à l’inviter à jouer aux cartes. Je me coiffe et j’appliquele mascara violet sur mes yeux. En paquets.Je ne veux pas qu’on croit que je m’applique. C’est encore la nuit. Il y a des mots que je supporte mal, qui font vriller mon corps tant ils sont dissonants. On en a fait la liste non exhaustive ensemble, il y en a sans doute auxquels je n’ai pas pensés. J’ai assez de confiance pour te le dire. Pourtant,je doute d’être…
-
Journal de Louve #24 Cachée
Je passe ma jambe par la fente de ma robe. Juste pour voir. On est le soir où l’on peut faire la fête, et si avant je mélangeais le noir avec le rose et les paillettes, s’il ne reste à présent que mes courbes sous le tissus uni, je me demande vraiment ce qu’il advient de moi. Je chante à demi-voix, je retiens mon corps qui clame de plonger en toi trop vite et sans sécurité. Je ne fais qu’imaginer. On ne va pas seule au concert habillée comme une fille qui bouffe la vie comme un trésor particulier, il ne me manque plus que de refaire mon piercing au…