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Florilège d’évidence

L’aurore d’une œuvre se lève, comme un présage. On ouvre les paupières.

Il y a collusion.

L’évidence.

C’est la rencontre, celle qui percute dans le mélange de notre souffle et d’une source de beauté.

Notre corps comprimé par un élan d’exploration et un trop plein de joie devient une boule à neige, réceptacle de flocons qui jubilent.

Quoi de plus subversif dans le fait qu’une œuvre existe et projette en nous une tempête de bonheur dévalant notre peau devenue prairie. L’air est frai. Le monde entier est plus respirable et notre cœur s’emballe. On tombe amoureux de la vie, à vouloir plonger plus profond dans la mélodie, dans l’épaisse couche de peinture, on veut gratter la surface pour en garder sous les ongles et porter les doigts à ses lèvres, pour goûter.

Il existe des artistes qui passent des journées à coller, agencer des matières, fredonner sous la douche, attraper des images, faire valser le langage. Merci.

Ces artistes qui jouent, qui vivent, envahissent une altérité aux codes esthétiques parce qu’ils ne créent pas autrement qu’ils ne vivent. Ce n’est pas un message mais une volonté forte de prendre son temps à faire ce que l’on aime et à aimer.

On contemple alors une toile recouverte de personnages collés, et agir n’est plus distinct de recevoir. Recevoir devient un jet d’une fluidité rare et précieuse qui nous fait saisir un vieux livre sur une étagère, se mordre les doigts de prendre le plaisir de s’y plonger. On lit vaguement le titre qui parle de Renard, on imagine le recouvrir de rouge. Une histoire se tisse alors dans notre tête, qui se racontera par les gestes, le gras des pigments et les tâches d’encre. Ca sent la colle et on a envie de danser en même temps.

Lorsque l’on est repris par la vaisselle, l’amoureuse ou l’ami, les lacets de ses chaussures, les courses à faire avant la nuit, on est habité par le monde entier qu’on abrite sous l’épiderme. Ce qui est en train de se soulever de la terre. Les lumières des grandes surfaces semblent alors sous nos yeux l’éclairage d’une grande scène où tout le monde a sa place, on veut imprimer de nouvelles photos. On range les oranges dans le panier rouge en remarquant le contraste. Et l’on a hâte de retrouver le livre du Renard, le rouge à l’intérieur nous emballe parce qu’il reste encore tellement de pages pour continuer.

La créativité est lancée par le monde, la vie, le défi. Les propositions singulières d’artistes qui rendent le monde mouvement nous fait exister plus denses et plus précieux. Célébrer ces rencontres est à la fois vague ondoyante dans notre ventre, percutante et vecteur d’inspiration.

Voici les artistes que je tiens à célébrer aujourd’hui dont j’avale l’art comme un chant d’oiseau, dont les œuvres palpitent sous la pulpe de mes doigts et font danser mes journées assez pour que l’émerveillement me commande des larmes.

  • Catherine Gillier, artiste plasticienne à la maîtrise experte de l’espace page, espace précis desquels elle crée des mondes. Sa créativité oasis lui est mode de vie intarissable et prend une multiplicité de formes ludiques et inattendues.
  • Barbara Pravi, dont la chanson Reviens pour l’hiver réside désormais au fond de mes boyaux et fait exploses mes yeux de paillette tant que crois à l’amour retrouvé lorsque je l’entends. Si elle cherche sa chanson, dites-lui qu’elle habite chez moi.
  • Renard, l’amour de ma vie, dont le pelage flamboie et les univers n’admettent pas de chute. Renard a l’humilité et l’écorchée de l’artiste qui ne croit pas l’être alors qu’il fait de sa vie un jeu, de ses pensées un jeu et sa voix semble caresser du monde tout ce qui vaut la peine d’être regardé. Renard est ma plus belle collusion et je rêve du jour prochain où je vous présenterai l’une de ses créations. Il ne faut pas lui dire pour le moment, il en serait sans doute intimidé.
  • Doctor Who, la première série de science fiction que j’ai découverte et celle que j’ai regardé le plus grand nombre de fois. Elle me délivre un effet Ours en peluche par son intensité, ses défauts et tous ses deuils à faire.
  • Pomme et son endroit rêvé pour les oiseaux, qui sait participer aux chants des autres êtres. Elle tisse des cathédrales pour tout le monde et expose des pensées délicatement sur nos chemins. Pomme brise sans bruit ce qui doit être brisé et scelle des promesses débordant de beauté.
  • Albane Gellé qui glace la poésie comme des instant vivants restés intacts dans Je te nous aime. Elle dépose des murmures que l’on entend écrits, une fois le livre fermé les phrases nous rattrapent. On s’allonge dans son lit, le soir en pensant aux bruits de verre qui fait écho en nous et aux attaches aux poignets.

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