Roman de l'avent

Le repaire de glace – Chapitre 20

Chapitre 20 – Lune bleue

Givre accourt vers Niels et saute plusieurs fois pour réclamer une caresse.

Niels s’agenouille à son niveau.

— Salut copain !

Je les rejoins, adresse un signe de la main à Franck derrière le comptoir. Je regarde Givre sur le dos battre des pattes. Niels lui chatouille le ventre, et lui serre la patte en plaisantant.

Il lève les yeux vers moi et se relève, lentement.

— Salut Livia.

— Salut Niels.

Je tente de garder ma retenue, pourtant, j’ai l’impression que les mots sourient après que je les ais prononcés.

Givre croise mon regard, sautille et part jouer avec les franges d’un tapis en glapissant.

— Il a l’air content de revenir, dis-je, amusée.

Niels et moi attendons un moment, debout l’un devant l’autre.

— Il est temps que je…

J’interrompt ma phrase, il a commencé à parler en même temps.

— Je vais aller commencer à préparer les hamburgers, reprend-t-il.

— Oui.

— Si tu as besoin de quelque chose, tu sais où me trouver, dit Niels avec un sourire.

Je n’ai pas le temps de répondre, Constance frappe à la porte du café. Après un dernier regard à Niels, je vais lui ouvrir.

— Entre, entre. Bienvenue !

Constance s’essuie les pieds puis avance, faisant rouler derrière elle un charriot de livres.

Je lui indique le portemanteau et avance le charriot dans l’allée.

— Comment vas-tu Livia ?

— Bien, je suis impatiente surtout. Et toi ?

— Bien aussi, me dit-elle en levant la tête pour observer les suspensions. La décoration est magnifique, on dirait l’univers d’un conte des pays nordiques.

Je ris.

— Tu en parleras à Jenny quand elle arrivera. Elle y est pour beaucoup ! Tu peux t’installer sur ces tables, là-bas.

Constance tire son charriot jusqu’à l’espace indiqué.

— J’ai tellement hâte de découvrir ta sélection, lui dis-je.

Elle me livre un regard mystérieux.

J’entends la porte du café s’ouvrir et me retourne. Jenny est Alizée entrent l’une derrière l’autre.

— Bonjour les filles !

Nous nous embrassons et chacune dépose son manteau. Je leur indique l’endroit où elles vont pouvoir s’installer.

Je présente les trois intervenantes et souligne en présentant Jenny que c’est elle qui a réalisé la décoration.

— C’est toi qui as imaginé cet univers, rappelle-t-elle, c’est vrai qu’il m’a beaucoup inspiré !

Elle me tend un paquet.

— Comme convenu, me glisse-t-elle, voilà ta robe pour la journée.

— Merci beaucoup Jenny, je lui réponds chaleureusement.

— N’oublie pas que tu dois me laisser prendre des photos, ajoute-t-elle avec un clin d’œil.

— Oui, je lui dis, bien sûr !

Je me retourne vers les trois femmes :

— Je vous sers quelque chose à boire pendant que vous vous installez ?

Pendant que je remplis les tasses, Franck passe devant moi en fronçant les sourcils. Il attrape son manteau, je le vois fourrer son portefeuille et ses clés dans ses poches.

— Tout va bien ?

— Le fournisseur qui devais nous livrer les fruits et légumes frais n’est pas passé.

Il consulte sa montre, je devine que la livraison a assez de retard pour ne plus compter dessus.

— Je vais aller voir ce que je peux trouver. Enfin, pour les myrtilles, je n’y crois pas trop, grommèle-t-il.

Je lui adresse un sourire crispé en signe d’impuissance.

— Dis-moi, si je peux faire quelque chose …

— Il va y avoir un paquet monde dans les magasins un samedi à cette heure. Si tu as le temps tout à l’heure, passe proposer un coup de main à Niels, il en aura besoin. C’est sympa de proposer.

Je lance depuis la sono ma sélection de morceaux Hiver Bleu et active l’option aléatoire. Les notes de Jardin d’hiver se suspendent dans le café. Mon regard s’accroche sur les mains vernies de Constance qui feuillette les pages d’un livre et le dépose sur une pile. Jenny se baisse au dessus d’une caisse de tissus. Alizée, démêle des bracelets dans une petite boîte. Mes yeux suivent la ligne du rideau argenté qui grâce aux épingles à nourrice tient désormais debout. Le vrombissement de la machine à café me réchauffe. Seul mon souffle s’échappe de mes lèvres mais je chante la chanson intérieurement. Des dentelles et des théières, dans mon jardin d’hiver.

Je fais glisser sur moi le tissus de velours brodé de constellations. J’ajuste le lacet au niveau de la poitrine et sors de la cabine. Je me regarde un instant dans le miroir, sors mes cheveux du col de la robe.

Je sors des sanitaires, enjouée de mon costume qui me donne l’air de la Reine des Neiges, version nuit.

Alizée est en train de parsemer son stand de pétales bleus.

— C’est chouette, dis-je en parcourant des yeux sa disposition.

— Je n’ai pas encore tout sorti. J’ai peut-être apporté trop de choses.

Elle me montre deux caisses fermées derrière elle.

— Est-ce que tu souhaites que l’on ajoute une table ? je lui demande. Pour pouvoir tout exposer.

— Ce serait une bonne idée, mais ça risque d’encombrer le passage de ce côté-là …

Elle tapote sur sa joue avec son index.

— En même temps, je me dis que si je place trop d’éléments sur la table, les gens risquent de ne pas savoir quoi regarder.

Je jette un regard circulaire sur le café, Léo arrivé s’affaire derrière le comptoir, nous nous adressons un bref signe de tête.

Je demande à Alizée :

— Tu pourrais échanger ta place avec celle de Jenny, qu’en dis-tu ? Ainsi, on pourrait te faire de la place sur les étagères juste derrière et tu pourrais exposer à la fois sur les tables et derrière-toi.

Je crois lire dans ses yeux que mon idée lui plaît.

— Si ça n’embête pas Jenny.

— Je vais lui demander.

Je rejoins de ce pas Jenny et lui explique la situation. Jenny accepte sans problème de rendre service.

— Bien sûr, ça me convient aussi.

— Je vais t’aider à déplacer tes affaires, si tu veux, je lui propose.

— Ne t’en fais pas Livia, j’ai le temps et puis je n’avais presque pas commencé à installer. Mais je te remercie.

Je comprends qu’elle préfère s’organiser seule. Je repars dans l’autre sens annoncer à Alizée qu’elle peut changer de stand. La nouvelle la réjouit.

— Je vais avoir l’impression d’exposer comme si c’était chez moi, plaisante-t-elle.

— Oui, je vais aller te faire de la place.

Je retire les tasse restantes du calendrier de l’avent en cherchant où je pourrais les installer. Il n’en reste que six, un petit espace pourrait faire l’affaire. Il faudrait toutefois qu’on le voit.

Je dépose le tout sur le comptoir pour désencombrer mes bras.

Léo qui revient de sa première commande passe derrière moi et pose sa main sur mon épaule.

— Liv’, murmure-t-il.

— Léo ? je lui demande.

— Tu es absolument magnifique dans cette robe, dit-il.

Je hoche la tête, l’air sévère.

— Je suis vraiment désolé, pour hier, dit-il.

Je croise les bras et soutiens son regard en restant silencieuse.

— Je ne voulais pas te mettre la pression… dit-il hésitant sur les mots. Tu vois, tu m’intéresses beaucoup. Je me rends compte que je me suis comporté comme un abruti.

— C’est bien que tu en ais conscience, je dis.

Je le vois se mordre la lèvre en baissant les yeux.

— Je suis désolé. Répète-t-il. Je sais que tu travailles beaucoup et que c’est important pour toi. Je voudrais te soutenir, pas te mettre des bâtons dans les routes.

Je souris. Nos regards se croisent.

— Dans les roues, se reprend-t-il.

Mon estomac réagit, les papillons de chaleur palpitent sous ma peau. J’ai envie de rire mais je me retiens.

— Je sais que je ne me suis pas montrée très disponible. Ca ne doit pas être agréable pour toi de te demander si j’ai envie de m’engager ou non dans notre relation.

Je porte un doigt à ma bouche.

— Je crois que j’ai envie de prendre mon temps, quand même.

Je regarde vaguement la salle du café, inspirant longuement pour tenter d’ôter le poids qui s’installe ma poitrine.

Je lui fais signe qu’il faut sans doute qu’il retourne s’occuper des clients.

— On en reparle, d’accord ? Merci de t’être excusé.

A contrecœur, il se dirige vers le comptoir, serrant son plateau contre son torse.

Je frappe avant d’entrer dans la cuisine.

— Oui, demande Niels ?

Il me voit m’avancer dans l’embrasure de la porte et reste un instant muet. Il baisse le regard sur le plan de travail et sourit.

— Entre !

— Est-ce que tu as besoin d’aide ? J’ai l’impression que tes hamburgers en ont plus besoin que les intervenantes.

— C’est surtout les macarons qui sont en sursis, plaisante-t-il. Si Franck ne trouve pas assez de myrtilles, il va falloir penser à un plan B.

Je l’interroge du regard.

— Mais j’ai déjà une autre idée, ajoute-t-il.

— Je m’en doutais !

Niels m’indique ou me placer. Il me propose de prendre la partie basse des petits pains qu’il a coupés en deux et de les installer sur le plan de travail.

Je m’exécute. Il dépose au fur et à mesure une tranche de salade sur chaque morceau. Il approuve du regard et nous recommençons l’opération avec les ingrédients suivants.

S’il te plaît, reviens pour l’hiver lorsque la nuit mangera le jour. S’il te plaît pour l’hiver.

La voix sensuelle de la chanteuse comble la cuisine. A l’écart de l’agitation de la salle, on n’entend que ça. Je me concentre sur les ingrédients avec application.

Je me décale pour déposer une rondelle de tomate sur le dernier pain, Niels passe en même temps que moi. Son bras frôle le mien. Une cascade de douce chaleur se diffuse dans mon ventre. Je m’efforce de ne penser qu’aux hamburgers.

Faut que tu saches, je vais pas te mentir, ça me déprime ce froid sans amour. J’attendrai s’il faut pour toujours.

Niels méthodique recouvre chaque hamburger d’un chapeau de son côté. Je prends délicatement un chapeau sur ma pile.

On se couchera sans réfléchir un peu quand on le voudra et nos deux corps mêleront leur solitude.

Je rougis, c’est sûr. Je voudrais ne pas penser aux paroles. Je détaille les ingrédients tour à tour pour tenter de saturer mes pensées.

Sur nos peaux les doigts qu’on fera courir, ce jeu dessinera dans les draps des infidélités aux habitudes.

Les mots trouvent toutes les failles de mon esprit. Il faudrait que j’arrête la musique. Je secoue la tête. Il faut surtout que je parvienne à faire passer ma gêne. Je m’imagine que Niels, lui aussi, a forcément entendu les paroles.

S’il te plaît, reviens pour l’hiver lorsque la nuit mangera le jour. S’il te plaît pour l’hiver. Faut que tu saches, je vais pas te mentir, ça me déprime ce froid sans amour. J’attendrai s’il faut pour toujours.

Petit à petit, le refrain me berce. Le son devient doucement lointain, j’ai l’impression de planer. Nous n’avons pas échangé un regard. C’est doux. Je voudrais faire disparaitre les hamburgers pour revivre le moment depuis le début.

— Ah bah je vois que ça avance bien ! tonne Franck en pénétrant dans la cuisine.

Niels et moi retenons tous deux un mouvement de sursaut.

— Oui, oui, je bredouille. D’ailleurs, j’ai terminé.

Je jette un regard à Niels du coin de l’œil, concentré sur la collection de pains; il me semble qu’il sourit.

— Je vais aller voir si les intervenantes ont besoin de quelque chose.

Je m’engouffre hors de la cuisine. Niagara commence à chanter. Je me retourne sur la porte de la cuisine que je viens de passer, éprouvant l’expression deux salles, deux ambiances, une drôle de sensation enfle dans ma poitrine.

Hélène en pleine action me fait un signe de main.

Je reconnais, attablées, les deux femmes qui avaient pioché une citation du calendrier la semaine dernière. Je vais à leur rencontre.

— Bonjour Livia, comment allez-vous ? me demande la brune, vêtue de rouge.

— Je vais bien, merci, dis-je en appréciant et en regrettant en même temps l’accalmie des battements de mon cœur.

— Bien aussi, répond-elle. Nous voulions essayer le lait aux épices et à la citrouille avant la rupture de stock.

— Ensuite, ajoute Elise, nous irons regarder les stands.

— Il y a une citation du jour ? demande la brune.

— Bien sûr, je lui réponds en tentant de me souvenir où j’ai déplacé les tasses du calendrier de l’avent.

Mon regard se pose sur le comptoir où les tasses sont toujours disposées, une guirlande lumineuse dessus comme si elles étaient exposées. Hélène a du penser que c’était leur nouvelle place.

— Elle sont sur le comptoir, dis-je en l’indiquant du doigt.

— Ah, super, dit Elise. Je vais aller en chercher une ! On est le combien déjà ?

— Le 14, je lui indique.

Milo entre dans le café avec son papa.

— Bonjour, vous êtes venus soutenir Jenny ? je leur demande en souriant.

Milo babille en parlant de sablés.

— Non mon cœur, il n’y a pas de sablés aujourd’hui, lui dit l’homme en riant.

— Non, mais nous avons des petits sapins en chocolat blanc avec des vermicelles en flocons sur le dessus.

Les yeux de Milo s’illuminent. L’homme nous regarde tour à tour, Milo et moi, puis éclate de rire.

— Merci beaucoup Livia, me dit-il chaleureusement.

— J’étais sûre de mon coup.

Léo passe en coup de vent, glissant discrètement sa main dans mes cheveux.

— Il y a un de ces mondes, fait-il remarquer.

Je n’ai pas le temps de hocher la tête, il s’est déjà éloigné.

Des enfants jouent autour de Givre qui jappe. Je m’approche. Ils redoublent d’éclats de rire.

Givre s’ébrouent sans arrêt en jappant de plus belle.

— Qu’est ce qui se passe, ici ? je demande doucement.

Les enfants ont placé une clochette au cou de Givre, le pauvre perturbé par le bruit, s’énerve à chacun de ses mouvements.

— Oh, je pense qu’il n’aime pas ça, dis-je en souriant.

Je retire la clochette du cou de Givre et la rends aux enfants. Je lui caresse la tête pour le rassurer.

— C’était pour faire vraiment comme le renne, dit un des plus grands.

— Si vous voulez passer du temps avec Givre. Je vais vous donner un jouet qu’il va aimer.

Je vais chercher dans ma sacoche une petite balle enroulée de corde et la leur tend.

— Merci beaucoup.

— Allez Givre, tu veux jouer avec nous ? demande une petite fille en agitant la balle sous son museau.

Le café commence à se vider après la pause déjeuner. Quelques clients parcourent les stands. Je vois Constance sortir une nouvelle pile de livres pour réachalander sa table.

Alizée semble avoir un moment de répit. J’en profite pour la rejoindre.

— Tout se passe bien ?

— Oui, merci Livia. J’ai vu beaucoup de monde et du coup, je n’ai pas eu le temps de manger. Tu crois que l’on pourrait réchauffer mon hamburger ?

— Oui, bien sûr, dis-je en prenant l’assiette. Je vais l’apporter en cuisine.

Mes yeux se posent sur un collier en forme de croissant de lune.

— C’est vraiment joli, je m’exclame en contemplant les détails. Comment tu fais pour faire des formes ?

— Alors ça, ce n’est pas compliqué du tout ! me répond Alizée, enthousiaste. En fait il suffit de réaliser de petits cyanotypes et de les découper avec un gabarit. Je renforce ensuite la forme avec un support rigide et j’applique plusieurs couches protectrices. Mais on peut aussi directement découper une forme pour l’intégrer à un médaillon préexistant, par exemple.

Elle me montre un médaillon qu’elle ouvre et referme délicatement et voit mes yeux revenir au collier de lune. Elle le prend dans sa main.

— Celui-ci irait à merveille avec ta tenue !

Niels se fraye un chemin et se poste devant le stand d’Alizée. Ses yeux se posent sur le collier, puis il lève les yeux et lui demande :

— Tout se passe bien ?

Alizée hoche la tête.

— Oui, j’adore parler alors c’est une chance d’avoir aujourd’hui autant d’oreilles attentives.

Niels regarde l’assiette que j’ai dans les mains.

— J’allais justement vous voir, je lui dis. On va réchauffer le repas d’Alizée, elle n’a pas eu le temps de manger qu’elle a été prise en otage par de nombreux clients.

— Mais des clients joyeux et sympathiques, précise Alizée.

Niels rit doucement. Un silence ensuite dure un peu trop longtemps.

— Alors, je vais y aller maintenant. Je vais demander à Franck.

Je pars vers la cuisine avec mon assiette. Au moment de franchir le seuil, la chanson Reviens pour l’hiver me revient en mémoire. Un souffle doux gagne ma poitrine.

— Ca va Livia ? Bah tu souris toute seule ? demande Franck.

Je lui tends l’assiette en lui expliquant que c’est celle d’Alizée et qu’il faudrait réchauffer.

Je pianote du bout des doigts sur le plan de travail pendant que Franck enfourne le hamburger.

— Tu attends là ? insiste Franck, qui semble répéter sa question pour la deuxième fois.

— Heu, oui.

— Tu es dans la lune toi. Tu es sûre que ça va ?

J’adopte un ton professionnel et lui dit :

— Oui, très bien. Tout se déroule à merveille.

— Y’a du monde hein ! me fait remarquer Franck, l’air épaté.

J’apporte son assiette à Alizée.

Elise, près de la porte, enfilant son manteau me fait signe. Je m’approche.

— Livia, je voulais te remercier. Tu as déniché des intervenantes extras, me dit-elle en souriant.

— Avec plaisir Elise, je suis contente que vous ayez passé un bon moment.

Sa copine ouvre un cabas et me montre son contenu :

— J’ai trouvé des livres à offrir pour presque toute ma famille.

— Et pour toi, glousse Elise.

La jeune femme brune penche la tête et rit.

— Tu peux parler, tu as rempli ton sac de poupées de tissus !

Elise s’explique en baissant la voix.

— Quand j’étais petite, ma mère fabriquait des décorations de Noël à la main. On passait des soirées entières à coudre des petits bonhommes en tissus. Ma mère est morte il y a quelques années et je n’ai plus eu envie de le faire. En voyant ce que fait Jenny, je crois que j’ai envie de recommencer cette année. Je lui en ai acheté quelques-unes pour m’encourrager.

Les yeux brillants, elle glisse sa main dans celle de sa compagne, qui lui sourit tendrement.

Emue par sa confidence, je pose une main sur son bras.

— Envoie moi des photos sur les réseaux sociaux, je serai ravie de voir ça !

— Merci, Livia. A bientôt !

— Au revoir Jenny, au revoir Constance !

Je me laisse tomber sur un canapé. Je cherche Givre du regard, il ronfle sous un fauteuil allongé les pattes en l’air.

Hélène balaye sous une table. La java bleue sort des enceintes et fait danser l’accordéon dans le café qui semble un instant plongé dans un autre temps.

— Apéro ! crie Léo.

Franck et Niels sortent de la cuisine. Je regarde Niels s’accouder au comptoir.

— Livia, s’écrie Franck, on peut pas fêter la journée sans toi.

— Ah, dis-je en m’avançant. Il y a quelque chose à fêter ?

Léo se glisse derrière moi et m’entoure de ses bras.

Je cherche à me dégager mais ses bras se contractent autour de moi. Je reste où je suis.

Il m’embrasse sur la joue.

— Il faut dire que l’évènement est un sacré succès, constate Franck. Vous avez tous très bien bossé.

Nous levons nos verres et trinquons.

Hélène s’exclame ravie :

— On a rarement eu une fréquentation comme ça, Livia. Je pense que tu y es pour quelque chose.

— Merci, dis-je en joignant les mains. Les évènements, ça rassemble souvent du monde.

— Eh bien aux évènements, clame Franck et proposer de nouveau de trinquer.

Je lève mon verre de nouveau. Léo fait tinter le sien contre le mien déposé juste à côté.

— Tu es la meilleure, dit-il.

Il m’embrasse de nouveau. Mes épaules se tendent, heureusement personne ne s’attarde sur sa remarque. Je me dégage de ses bras et prends ma place à côté de lui.

Léo serre la mâchoire mais ne dit rien. Je m’avance pour trinquer avec Hélène, puis Franck et croise furtivement le regard de Niels.

— Tiens, s’exclame Léo, particulièrement jovial en sortant un paquet de sous le comptoir.

Je me demande s’il m’offre un cadeau en public. Je cherche du regard comment comprendre la situation. L’enthousiasme de Franck et d’Hélène m’indique que c’est sans doute de leur part à tous.

— Pourquoi vous m’offrez un cadeau ? je demande.

— Disons que c’est un petit cadeau de bienvenue tardif, dit Franck.

— Et pour te remercier de tes premier évènements qui, il faut le dire, ont tous été réussis.

— Vous êtes adorables, je m’écrie en souriant. Je suis vraiment contente de travailler avec vous.

Je déballe le paquet et trouve un sachet en tissus. Je l’ouvre en tirant sur les cordons et découvre le collier en forme de lune confectionné par Alizée.

— Alors, ça te plaît ? demande Léo, impatient de ma réaction.

— Bien sûr…

Je contemple le collier et fait jouer la chaîne entre mes doigts. Perplexe. Je cherche le regard de Niels qui me rend un air impassible.

— C’est Alizée qui vous a…

Léo me coupe la parole :

— Il reste des hamburgers ? demande-t-il à Franck.

— Quelques-uns. Si ce n’est que ça, on peut en refaire !

Hélène et Léo sortent les couverts et s’attèlent à dresser une table.

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