Mes inspirations multiples #5 L’enfance
5. L’enfance
Les contes traditionnels comme le Petit chaperon rouge, l’ours en peluche, de nombreux animaux aux yeux innocents. Le monde de l’enfance est extrêmement présent dans mes productions.
J’y fais mention fréquemment parce qu’il incarne pour moi cette partie de nous authentique, avant le conditionnement et l’apprentissage de codes. Les envies sont préservées, sincères. L’enfant spontanément connait son identité, sans même avoir besoin de se questionner dessus. Aussi, dans mes collections, l’Ours bleu est la pulsion de vie qui sait, qui n’a rien besoin d’interroger pour savoir qui il est. Tandis que le chaperon rouge incarne plutôt cette enfance déjà prisonnière des codes extérieurs. Celle que les injonctions et les lésions des autres ont déjà trop abimée.
Le rapport à l’enfance me semble primordial dans la construction de soi. L’oubli sensible de son enfance et de son passé me fascine. Lorsqu’on change, on peut se souvenir de ce qu’on a été, de ce que l’on a pensé ou ressenti. Mais on ne peut plus ni l’être, ni le penser de l’intérieur, ni le ressentir jamais. On ne l’incarne plus.
L’enfance revêt également pour moi l’image d’un deuil nécessaire à faire. Cela rejoint une partie de mon univers artistique en lutte vaine contre le temps et la fatalité.
Mes personnages aux traits naïfs représentent la part d’enfance que nous avons tous, cette part pré-conformisme. Je cultive cette dimension enfantine qui attrait, qui permet souvent aux spectateur.trice.s de venir jusqu’à mon œuvre. L’enfance, après tout, est un sujet universel. J’aime exprimer ce contraste de manière saisissante entre la douceur de cet univers et la brutalité du réel. Je m’amuse avec les éléments caractéristiques des contes, à réécrire des histoires particulières et personnelles à travers ces récits qui traversent le temps. Les contes, traditionnellement oraux me plaisent car ils semblent nous inviter à la réactualisation et à la réinvention à chaque fois qu’on les raconte. Ils ne sont pas figés. Nous plaçant déjà jeunes devant nos grandes peurs, ils nous aident à grandir, et à les surmonter par l’imaginaire.
L’enfant est celui qui doit, en grandissant et en découvrant les lois de la réalité, faire le deuil de ses rêves, développer son courage, ainsi que se construire. C’est aussi celui à préserver et à protéger. Je parle ici des enfants à l’extérieur comme à l’intérieur de nous. Préserver ses propres imageries mentales, ses spontanéités et son authenticité. Tout l’enjeu pour nous-mêmes est de lui trouver la bonne place.